C'est le titre d'un article publié le 2 juin 2022 dans The conversation et qui m'a été transmis hier par Mélissa-Asli Petit . Docteure en sociologie, Mélissa Petit fait partie de cette génération de trentenaires qui consacrent leur temps, leur énergie et leurs travaux aux enjeux liés au vieillissement. Elle a réalisé une thèse en sociologie sur les modes de vie des jeunes retraités, et a développé depuis une expertise sur la retraite et la participation sociale des retraités. Nous avions eu la semaine dernière un échange sur les enjeux du changement climatique et l'idée que la mobilisation générale qu'ils appellent soit un levier de participation sociale des retraités et de coopération entre les générations.
Les auteurs de l'article Najoua Tahri, Jacques Igalens et Ziad Malas sont universitaires dans le champ des Sciences de gestion. Ils déconstruisent l'idée d'un fossé générationnel entre les moins de 25 ans (génération Z) et les plus de 60 ans (génération du baby-boom). S'il y a bien un écart de comportements entre ces générations, la réalité est très nuancée et souvent contre-intuitive.
L’empreinte carbone des moins de 25 ans dans les pays riches est en moyenne nettement moindre que celle des plus de plus de 60 ans. Par exemple, les plus jeunes mangent moins de viande et se déplacent moins en voiture. Mais l'article nous apprend que les seniors s’intéressent plus que les jeunes à l’écologie et qu’ils sont davantage prêts à mettre leurs actes en accord avec leurs idées que ces derniers.
Plusieurs raisons sont avancées :
Les personnes âgées sont plus exposées aux conséquences du changement climatique (vulnérabilité aux canicules, aux maladies, aux épisodes climatiques extrêmes, à certaines pollutions comme les particules fines...)
En France, les 60-80 ans ont en moyenne, un niveau de vie supérieur aux jeunes adultes qui leur permet d'échapper à l'urgence du présent et de se soucier davantage de l'avenir. Selon les auteurs, le surplus de consommation lié aux revenus entraînerait certes une hausse de l'empreinte carbone globale mais aussi une baisse de l'empreinte carbone par euro dépensé compte tenu de choix d'achats plus durables.
Les plus âgés ont également plus de temps, ressource importante pour engager des changements de comportement.
En synthèse, les personnes âgées ont souvent des comportements plus écoresponsables parce qu'elles ont plus de moyens pour les mettre en œuvre.
Mais ces explications ne suffisent pas. Les auteurs font également référence à une notion issue de la psychologie : la générativité. Il s'agit du 7ème stade (sur 8) du processus de développement psychosocial théorisé par le psychanalyste Erik Erikson. Il s'agit selon lui du désir, à l'âge mûr, de fonder et de guider les nouvelles générations. Concrètement, la générativité s'exprime par la transmission, l'entraide, la générosité envers les plus jeunes. Pour les auteurs, c'est elle qui explique de nombreuses initiatives des personnes âgées en faveur de l'environnement.
Mais quelles formes prennent ces actions ? Les auteurs citent ceux qui s'allongent par terre avec les jeunes de Youth for climate ou d'Extinction Rebellion mais aussi les membres du réseau "Grands-parents pour le climat".
Les seniors ont donc un rôle majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique :
ils consomment
ils financent des projets avec leur épargne ou leurs dons
ils s'engagent et militent
ils transmettent leurs savoirs et leur expérience
Enfin, les auteurs nous rappelle qu'avec l'avancée en âge, on consomme "spontanément moins" car le rythme de vie change mais également que les anciennes générations sont plus adeptes de la sobriété parce qu'elles ont connu des périodes moins prospères. J'ajouterai qu'elles ont davantage "l'expérience de nature", puissant moteur pour la préserver.
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